| Marco Polo a-t-il menti en prétendant être allé en Chine ? 
 
 
	|   Frances Wood
 "Did Marco Polo go to China ?"
 |  |  uand le livre de Francès Wood sort, "Did Marco Polo go to China ?", 
		l'écrivain anglais et directrice du département de sinologie à la British Library, 
		s'attire les foudres de chercheurs et autres personnes dignes de confiance. Mais, 
		pourquoi Marco Polo ne serait-il pas allé en Chine ? Best seller à son époque, 
		pourquoi aujourd'hui "Le livre des merveilles" laisse-t-il place au doute ? |  
 
 Comment aller de Venise à Pékin au Moyen Âge ?
 
  i aujourd'hui, le voyage dure l'instant d'une journée, au Moyen Âge, 
les dix mille kilomètres qui séparent Venise (Italie) de l'actuelle Pékin (Chine) 
ne pouvaient s'effectuer aussi rapidement que par l'intermédiaire de l'imagination. 
Au XIIIème siècle, à l'exception de quelques marchands qui dépassent Constantinople, 
traversent l'empire byzantin, l'Asie et accèdent aux marchés des Molluques, le monde 
commercial connu des européens se borne à l'Europe, et pour certains, comme les 
Vénitiens, à l'Empire byzantin et les comptoirs de Ceylan.. Le commerce vers l'Asie 
est principalement tenu par les musulmans. Et rares sont ceux qui sont prêts à partir 
vers ces contrées lointaines, au delà de l'imagination. 
 
   Illustration du Livre des Merveilles de Marco Polo
 
 
 
     
  ais osons, et suivons l'itinéraire des frères Polo, Niccolo et Mafeo Polo, respectivement 
père et oncle de Marco Polo. Pour quitter Venise, nous aurions pris un navire, à voile. 
Il permettait de passer au sud de la Grèce, et de remonter jusqu'à Constantinople, la 
durée du trajet dépendait essentiellement du vent. Puis nous empruntions une caravane, 
composée de châmeaux. A chaque soir, ayant parcouru la distance séparant deux 
caravansérails (soit au mieux, une trentaine de kilomètres) nous étions contents
le lendemain de pouvoir repartir avec notre marchandise et nos devises. En effet, 
ces endroits pullulaient de voleurs. Nous traversions des pays et des territoires divers 
où nous devions payer le tribut pour notre passage au seigneur des lieux. Parfois, un 
désert croisait notre route, comme le désert de Gobi. Nous arrivions enfin à destination 
après un voyage d'au moins une année effective. Là bas, nous pouvions vendre notre 
marchandise, et acheter la soie et les épices à un prix fort bas. Et de retourner par 
le sud, par la mer, évitant par chance les tempêtes et les pirates, pour reprendre la route 
terrestre, puis de nouveau la mer, et rentrer. Sans oublier de s'être à chaque fois 
acquitté de la taxe de passage, ou de transbordement de la marchandise d'un navire à l'autre. 
 Que de difficultés...
 
 
 
 
Marco Polo, vénitien, étranger de surcroît au peuple Mongol, indique avoir 
obtenu la charge de la ville chinoise de Yangzhou ? Alors que Kublaï Khan ne confiait 
de telles responsabilités qu'à des dignitaires mongols, pas même chinois ? Marco Polo 
indique même ainsi que "Messire Marco Polo lui-même, celui qui traite ce livre, eut 
seigneurie de cette cité pendant trois ans, en lieu et place d'un desdits barons, 
par l'ordre du Grand Can" (Chap. CXLIV). A-t-on retrouvé un document, une tablette 
validant ce propos ? Une ville gouvernée durant trois années par un non-asiatique 
et aucunes archives ?
	| Y-a-t-il de réelles preuves de ce voyage ? 
  ystère! La maison de Marco Polo a été détruite au cours d'un incendie en 1598. 
		Et sur les fondations a été construit plus tard, en l'espace de trois mois, un 
		théatre, il teatro Malibran. Incident malheureux, car peut-être aurions nous pu 
		trouver le gerege en or (sauf-conduit mongol) qu'avait confié le roi des Mongols 
		Kublaï Khan à Niccolo Polo pour rentrer, prouvant un éventuel contact avec le 
		souverain. La lettre du Khan au pape Clément IV, finalement confiée à Grégoire X 
		se trouve-t-elle encore dans les archives du Vatican ? Que s'est-il passé avec 
		les frères Niccolo de Vicence et Guilielme de Tripoli, qui les accompagnaient ? 
		Ces derniers auraient eu quelques craintes de se trouver face au Sultan d'Egypte, 
		dont la rumeur indiquait qu'il remontait avec son armée, détruisant tout sur son 
		passage. |  |   Michael Yamashita
 "Sur la route de Marco Polo"
 © Ed. SOLAR 2003 avec GEO
 |  Michael Yamashita, photographe depuis vingt ans, s'est penché sur la question. Il a décidé de 
refaire le voyage de Marco Polo, en photographiant les lieux et les gens que le vénitien aura 
croisé. A travers son livre, il explique comment il était possible de remarquer ou non
la Grande Muraille de Chine, qui était modeste à l'époque de Marco Polo. Les fortifications 
auront été apportées deux siècles plus tard. Est-ce là la raison de l'oubli ?
 
 
 Pourquoi mettre en doute le livre de Marco Polo ?
 
 
 
	|   Chaussures de femmes, aux pieds bandés
 à côté de chaussures de sport moyennes.
 © Livre de M.Yamashita, p.326
 |  |  'homme est marchand, vénitien, peut-être aura-t-il usé d'un surplus d'imagination, 
		propre à son métier, pour accentuer l'aspect extraordinaire de son récit. Son histoire, 
		il l'a confié à un compagnon de cellule, le gênois Rustichello de Pise, auteur de romans 
		chevaleresques. La combinaison des deux personnages n'aurait-elle pas favorisé l'émergence 
		d'images nouvelles, ou l'omission de détails, qui auraient rapproché le lecteur de la 
		réalité ? Francès Wood avance justement dans son livre quelques omissions. Il s'agit 
		concrètement de points de détail caractérisant l'Asie à travers les clichés que s'en font 
		les occidentaux. La liste indiquée ici est exhaustive, elle ne met en évidence que des 
		détails, semblent-ils, frappants. |  Marco Polo comme tout noble de son époque, est instruit. 
Pourtant, il ne fait pas mention des idéogrammes chinois. L'écriture chinoise est l'une 
des plus ancienne. Au XIIIème siècle, elle est déjà composée de plus de trente mille signes ! 
Le repas ne se mange pas avec les doigts, comme généralement encore en Europe, mais avec 
des baguettes.
 
 
 
  . Wood avance également qu'il est nullement mentionné l'existence de la Grande Muraille 
(peut-être en trop mauvais état?), des pieds bandés des femmes, de l'imprimerie, de la 
place du porc dans l'alimentation, ou de la pêche au cormoran. Le livre a été copié en plusieurs 
langues par des moines. Certaines illustrations montrent le roi Kublaï Khan, et ses sujets. 
Les moines n'ayant jamais vus d'asiatique, imaginent les costumes des mongols et les traits 
de leurs visages à partir des éléments fournis. Un chapeau compliqué et des traits européens. 
Vous remarquerez qu'ils ressemblent beaucoup à ce qui est connu à leur époque, autrement 
dit, des perses. 
 
   Illustration du Livre des Merveilles de Marco Polo
 
 
  'homme serait-il donc allé sur la Lun... heu à Cathay? Chaque page de l'histoire cache une 
nouvelle histoire. La lecture du livre est délicate. Les confusions qui y figurent dans les dates, et
les omissions qui nous semblent évidentes, laissent à penser que Marco Polo aura romancé
une période de sa vie. Et la controverse
risque de durer encore longtemps, car les preuves pour la thèse du mensonge, ou celle
de la réalité sont aussi rares que les vérités dans un discours politique...
Alors, patience, patience. 
 
 L'histoire continue ici
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